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Comprendre la société russe en 2022, mission impossible ?

Dernière mise à jour : 12 juin 2023

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la question que je me suis posée, c'était : Comment les Russes vivent ça? Comment les Russes réagissent à la guerre?

Il m'a fallu évidemment du temps pour voir vraiment ce qui se passe, ce que les gens pensent.

J'ai beaucoup lu de témoignages directs. C'est ce que je préfère : lire des témoignages des personnes qui expliquent comment elles vivent des choses au jour le jour, des exemples personnels, des exemples concrets.

Mais aussi j'ai lu beaucoup d'articles qui analysent les phénomènes qui se passent dans la société russe actuellement. Et j'ai fait des liens entre les deux. Et j'ai aussi échangé avec mes amis, reçus des messages, parlé avec des Russes habitant en Russie ou en France. Et 9 mois après le début de la guerre, je me suis enfin senti prête à faire une synthèse de toute mes lectures et toutes mes réflexions.

Je fais ici une synthèse rapide du résultat de mes recherches.


Une société écartelée


La première chose qui saute aux yeux c'est qu'il y a deux pôles extrêmement éloignés l'un de l'autre , on voit que la société russe est écartelée entre deux polarités totalement opposées : le soutien à la guerre en Ukraine et la politique actuelle du gouvernement de la Russie, qui est une politique impérialiste, avec une idéologie où la Russie est décrite comme un pays avec une mission particulière et surtout le sentiment qu'elle est supérieure à d'autres nations, et à l'extrême opposé, l'opposition à cette guerre et à la politique du régime de façon concrète et militante, malgré les énormes difficultés.

Et si il y a un nombre limité de personnes positionnées aux extrêmes, toute la société russe se retrouve entre ces deux pôles, avec toutes les nuances possibles entre les deux.


Donc j'ai couché sur le papier toutes ses nuances que je voyais. J'ai essayé de les catégoriser, de donner un nom à ces personnes, ou plutôt à une sorte d'archétype des comportements que je vois, sur les réseaux sociaux ou en communiquant directement avec des Russes.

J'ai souvent donné comme titre une citation, une phrase que j'ai entendue d'une personne concrète, et qui me semble bien caractériser un certain positionnement par rapport à aux deux extrêmes dont j'ai parlé plus haut.

Les différentes facettes de la société russe : tant de nuances!


En résumé, en partant de la polarité extrême Pro-Poutine, Pro-guerre, voilà ce que cela donne :

  • Les "Z" qui en sont des soutiens inconditionnels.

  • Les "apolitiques" qui font confiance au chef (héritage direct de la mentalité soviétique).

  • Les personnes sous influence de la propagande.

  • Les "Je ne peux pas y croire" qui sont dans le déni par rapport à l'action de l'armée russe en Ukraine et à ce qui se passe actuellement en Russie.

  • Les "Je ferme les yeux" : "Je m'efforce de ne pas faire attention aux nouvelles concernant la politique" afin de pouvoir, tout simplement, continuer à vivre - sinon "vivre tranquillement" , au minimum sans déprimer complètement (la consommation d'antidépresseur a fait un bond en Russie).

  • Les "C'est impossible de se faire une opinion. Impossible de savoir la vérité".

  • Les "Je me sauve par l'humour (noir)" (ce qui concerne à peu près tous les Russes, en fait!)

  • Ceux qui font semblant d'être d'accord, mais sont d'efficaces freins à la propagande.

  • Les "Je suis contre mais je ne le dis pas (mais peut-être un peu quand même, discrètement!). C'est intéressant aussi de voir pourquoi la plupart des Russes n'affichent pas leur avis sur la politique, car les raisons sont nombreuses et variées.

  • Les " J'ai changé d'avis sur la situation" (mais peut-être pas complètement). Et là c'est intéressant de voir quand a eu lieu ce changement de positionnement et pourquoi.

  • Tous les anti-Z , militants anti-guerre et anti-Poutine, que ce soit ceux qui n'ont jamais fait confiance à Poutine ou ceux qui n'avaient rien vuu venir (les plus nombreux je pense!) mais qui ont réagi dès l'attaque de l'Ukraine ou même plus tard, en prenant désormais une position radicale.

Ce qui m'a intéressée c'est de voir toutes les formes que peut prendre ce militantisme anti-guerre, dans une situation où l'expression publique n'est pas autorisée. Les premières actions, en février mars, c'était les manifestations et les piquets, qui sont rares désormais en raison du durcissement de la législation, même si il continue à y en avoir encore aujourd'hui fin en décembre 2022. mais il y a aussi toutes les autres formes que cela peut prendre dans des conditions de censure et de répression qui sont de plus en plus sévères, et en ce domaine les Russes ont de l'imagination.


Pour aller plus loin

Alors après avoir mis les grandes lignes au brouillon sur le papier, et ensuite sur le papier numérique sous forme d'un diaporama, j'en ai fait déjà une première vidéo qui présente les deux polarités extrêmes de la société.


Elle sera bientôt complétée par une deuxième vidéo qui présentera les différentes facettes de la société russe que j'ai listées ci-dessus. Les situations et attitudes que je décrirai ne sont pas à prendre évidemment comme une case qui enferme mais comme des positionnements sans limites franches, car souvent les personnes concrètes fluctuent entre deux ou trois (voir plus) de ces positions, et parfois même se retrouvent dans plusieurs positions à la fois - il n'y a rien de figé.


Mais aussi je pense à vous proposer un webinaire pour pouvoir vous raconter ça avec plus de nuances et surtout avec les exemples concrets sur lesquels je m'appuie pour dire ça. Parce que derrière chaque profil que j'essaie de décrire dans ce travail, il y a une personne ou des personnes réelles concrètes que j'ai lu ou qui m'ont parlé, avec qui j'ai communiqué et que j'ai hâte de vous faire découvrir.


Ainsi je continue à être "la prof de russe" qui vous fait découvrir et mieux comprendre la Russie et les Russes, grâce à mon amour de la langue russe, de l'histoire et de la société de ce pays que je connais depuis plus de 40 ans.

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